Le soja, une
culture bas intrant en Lorraine !
Mercredi
10 juin dernier, Thierry Delatte de Clémery nous a proposé de venir assister à
son passage de bineuse sur soja.
Il
est vrai que la période sèche, qui a duré une dizaine de jours début juin, a
été extrêmement propice au désherbage mécanique en général sur les cultures de
printemps et d’été.
Thierry
avait donc semé du soja sur quelques hectares le 7 mai dernier. La variété,
Viola, fait partie du groupe des 00. Plus tardive que les variétés classiquement
adaptées à notre secteur (000 et TTP), Thierry peut en attendre un peu plus du
côté du potentiel de rendement. Cependant, la récolte sera peut-être plus
difficile à gérer du fait que le soja sera mûr vraisemblablement autour de la
première quinzaine d’octobre.
Revenons
sur l’itinéraire technique. Avant le semis, Thierry avait décompacté la
parcelle à l’occasion des premières gelées de fin novembre, début décembre. La
reprise au printemps a été faite avec un glyphosate, suivi d’un vibro début
mars, et d’un passage de herse rotative début mai, quelques jours avant le
semis. Ce dernier a été réalisé au semoir de précision avec un écartement de 45
cm (d’ordinaire, pour une variété 000, on privilégiera un écartement de 30 cm
maximum, afin de conserver un potentiel de rendement semblable à un semis en
plein). Thierry a semé 630 000 à 635 000 grains/ha, visant ainsi un
potentiel de 55 à 65 pieds/m². Après comptage, l’objectif est atteint :
entre 55 et 60 pieds/m² ont bien levé. Le non-labour n’a visiblement pas pénalisé
la dynamique de levée de la culture.
En
Lorraine, on parle du soja comme une culture bas intrant. C’est d’ailleurs en
partie pour cela qu’elle est testée depuis deux ans à la Chambre d’Agriculture.
La preuve en est avec la parcelle de Thierry : mis à part un passage de
Corum à 0.8 l/ha adjuvanté avec du Dash HC (huile), la culture n’a pour
l’instant pas reçu d’autres traitements. Avec les jours secs de juin, Thierry a
d’ailleurs remarqué que son désherbage chimique n’a pas été très
efficace : « la partie foliaire du produit a fait effet, mais la
partie racinaire n’a à mon avis pas été active. Le Corum a marché sur
matricaires et repousses de colza, mais n’a rien fait sur les renouées, ni sur
les chardons. En plus, avec le sec, le produit tardait à faire effet… c’est
comme ça que j’ai pris la décision de sécuriser mon passage avec un coup de
bineuse. »
Le
passage de bineuse a été un succès, comme en témoignent ces photos.
Le
soja n’a pas souffert du passage : moins rigide qu’un tournesol, les pieds
de soja ont « plié » au passage de la bineuse, mais n’ont pas du tout
été endommagés. On retrouve ici l’efficacité de la bineuse : non
sélective, elle est capable de scalper tout type d’adventices, même à des
stades développés comme c’était le cas sur la parcelle.
Pour
l’heure, Thierry Delatte a prévu de refaire un binage dans les prochains jours,
à la faveur des jours ensoleillés et secs prévus. Pas d’autres passages à
prévoir : le soja n’étant pas culture courante en Lorraine, il n’y a pas
encore trop de maladie, ni de ravageur associés. Une légumineuse d’été
intéressante pour la rotation. A suivre !
Anne
MORELLATO - CDA 54

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