Vous trouverez principalement dans ces pages des témoignages d'agriculteurs et parfois, aussi, ceux de leurs conseillers, impliqués comme eux dans des actions de préservation de la ressource en eau du bassin versant de la rivière Seille. Les pratiques évoluent. Notre objectif est de montrer les choix judicieux et les bons gestes accomplis dans les activités quotidiennes par ces hommes et femmes. Les élus locaux, comme les simples citoyens seront également associés à cette démarche. Il s'agit de relever un défi collectif : celui de diminuer concrètement et durablement l'impact sur l'environnement.

mercredi 1 juillet 2015



Le soja, une culture bas intrant en Lorraine !

Mercredi 10 juin dernier, Thierry Delatte de Clémery nous a proposé de venir assister à son passage de bineuse sur soja.

Il est vrai que la période sèche, qui a duré une dizaine de jours début juin, a été extrêmement propice au désherbage mécanique en général sur les cultures de printemps et d’été.
Thierry avait donc semé du soja sur quelques hectares le 7 mai dernier. La variété, Viola, fait partie du groupe des 00. Plus tardive que les variétés classiquement adaptées à notre secteur (000 et TTP), Thierry peut en attendre un peu plus du côté du potentiel de rendement. Cependant, la récolte sera peut-être plus difficile à gérer du fait que le soja sera mûr vraisemblablement autour de la première quinzaine d’octobre.

Revenons sur l’itinéraire technique. Avant le semis, Thierry avait décompacté la parcelle à l’occasion des premières gelées de fin novembre, début décembre. La reprise au printemps a été faite avec un glyphosate, suivi d’un vibro début mars, et d’un passage de herse rotative début mai, quelques jours avant le semis. Ce dernier a été réalisé au semoir de précision avec un écartement de 45 cm (d’ordinaire, pour une variété 000, on privilégiera un écartement de 30 cm maximum, afin de conserver un potentiel de rendement semblable à un semis en plein). Thierry a semé 630 000 à 635 000 grains/ha, visant ainsi un potentiel de 55 à 65 pieds/m². Après comptage, l’objectif est atteint : entre 55 et 60 pieds/m² ont bien levé. Le non-labour n’a visiblement pas pénalisé la dynamique de levée de la culture.

En Lorraine, on parle du soja comme une culture bas intrant. C’est d’ailleurs en partie pour cela qu’elle est testée depuis deux ans à la Chambre d’Agriculture. La preuve en est avec la parcelle de Thierry : mis à part un passage de Corum à 0.8 l/ha adjuvanté avec du Dash HC (huile), la culture n’a pour l’instant pas reçu d’autres traitements. Avec les jours secs de juin, Thierry a d’ailleurs remarqué que son désherbage chimique n’a pas été très efficace : « la partie foliaire du produit a fait effet, mais la partie racinaire n’a à mon avis pas été active. Le Corum a marché sur matricaires et repousses de colza, mais n’a rien fait sur les renouées, ni sur les chardons. En plus, avec le sec, le produit tardait à faire effet… c’est comme ça que j’ai pris la décision de sécuriser mon passage avec un coup de bineuse. »
Le passage de bineuse a été un succès, comme en témoignent ces photos.
Le soja n’a pas souffert du passage : moins rigide qu’un tournesol, les pieds de soja ont « plié » au passage de la bineuse, mais n’ont pas du tout été endommagés. On retrouve ici l’efficacité de la bineuse : non sélective, elle est capable de scalper tout type d’adventices, même à des stades développés comme c’était le cas sur la parcelle.
Pour l’heure, Thierry Delatte a prévu de refaire un binage dans les prochains jours, à la faveur des jours ensoleillés et secs prévus. Pas d’autres passages à prévoir : le soja n’étant pas culture courante en Lorraine, il n’y a pas encore trop de maladie, ni de ravageur associés. Une légumineuse d’été intéressante pour la rotation. A suivre !

Anne MORELLATO - CDA 54

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