Vous trouverez principalement dans ces pages des témoignages d'agriculteurs et parfois, aussi, ceux de leurs conseillers, impliqués comme eux dans des actions de préservation de la ressource en eau du bassin versant de la rivière Seille. Les pratiques évoluent. Notre objectif est de montrer les choix judicieux et les bons gestes accomplis dans les activités quotidiennes par ces hommes et femmes. Les élus locaux, comme les simples citoyens seront également associés à cette démarche. Il s'agit de relever un défi collectif : celui de diminuer concrètement et durablement l'impact sur l'environnement.

mardi 30 janvier 2018

L’orge d’hiver, une culture en sursis



Comme l’illustrent les résultats du groupe "Gestion de Parcelles" de Château-Salins, ces dernières années, l’orge d’hiver pose question quant à sa rentabilité et son intérêt agronomique.  
Évolution des rendements de l'Orge d'Hiver de 2000 à 2017

Évolution des marges brutes de l'Orge d'Hiver de 2000 à 2017

Les rendements et les marges sont en baisse. Pour expliquer cela, il existe plusieurs critères d’explication :
  • Depuis 2010, seules 2 années présentent des rendements dépassant 70 q/ha et les aléas climatiques comme le gel en 2012, l’excès d’eau en 2016, la sécheresse et le gel d’épis en 2017 fragilisent la culture.
  • Le coût de production élevé.
  • Les meilleures marges obtenues sont plus liées à de bons prix de vente qu’à de bons rendements.
  • Le choix variétal privilégiant des variétés brassicoles, théoriquement mieux valorisées. Ce choix s’avère difficile à tenir en raison de la concurrence des orges de printemps qui ont la préférence des malteurs mais aussi de la qualité obtenue en moisson avec des teneurs en protéines souvent trop élevées et un calibrage trop faible qui entraînent un déclassement de l’orge et un prix plus faible voire équivalent à celui de l’orge de mouture.
  • L’orge d’hiver présente sur le plan mondial une production déficitaire et une diminution des surfaces depuis 2 ans. Elle est en concurrence avec d’autres céréales pour l’alimentation animale.
L’orge d’hiver constitue malgré tout 20% des assolements. Quels sont ses atouts sur le plan agronomique ?
  • Une moisson précoce permettant d’implanter plus facilement une culture d’été comme le colza, une luzerne ou une culture fourragère dérobée.
  • Un étalement des moissons et des travaux d’été comme les chantiers de paille, l’épandage des engrais organiques, les préparations de sol.
  • Une implantation d’automne sécurisant les agriculteurs en terres argileuses où des implantations de printemps leur semblent plus aléatoires.
  • Une culture qui réduit la pression d’adventices, plus particulièrement des dicotylédones comme les crucifères, géraniums, pensées…
Mais pour quelles contraintes ?
  • La lutte contre les pucerons vecteurs de la jaunisse nanissante ou JNO est aujourd'hui plus compliquée. Auparavant l’emploi d’insecticides enrobés à la semence comme GAUCHO ou FERIAL DUO permettait de maitriser ce ravageur. Ces solutions sont désormais interdites. L’emploi de variétés tolérantes, une date de semis retardée ou l’utilisation d’insecticides homologués pourront limiter l’impact des pucerons. 
  • Une maîtrise délicate des vulpins : si les stratégies de désherbage actuelles fonctionnent pour des populations initiales inférieures à 30 pieds/m², il n’en est pas de même dès que ces seuils sont dépassés. L’efficacité s’avère alors aléatoire et coûteuse (cette remarque concerne aussi les blés d’hiver).
  • La fragilité de la culture face aux tassements de sol, à la paille broyée mal répartie, aux menues pailles.
  • Un itinéraire technique limitant la verse et la casse des épis.
Si les agriculteurs  diminuent leur sole d’orge d’hiver, comment modifieront-ils leur assolement ?
Pour assurer une marge régulière, les agriculteurs ont tout intérêt à disposer d’une palette de cultures élargie, intégrant des cultures d’automne, des cultures de printemps récoltées en été et début d’automne. Ils répartissent ainsi  tous les travaux sur une période plus longue.
De plus, l’allongement de la rotation est la clé quant à la réduction de la pression des mauvaises herbes.
L’orge d’hiver n’est pas à bannir des assolements : en allongeant les rotations, sa place diminuera, elle conserve des atouts certes, mais parfois insuffisants quant aux prix de la céréale et la marge obtenue.

Jean-Francois MERY - CDA 57

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